Depuis la fin du mois de mai, on a observé un renversement de la situation météorologique en Haïti. Les pluies ont diminué substantiellement, provoquant un état de sécheresse généralisé à travers le pays, plus particulièrement dans les communes du Bas Nord-Ouest, du Haut Artibonite, de l’Ouest (notamment La Gonave, Gressier, Léogane), du Sud-est (Bainet, Côtes-de-Fer, Marigot, Cayes Jacmel, Anse à Pitre), du Nord (Pignon, la Victoire, Ranquite), de la Grande-Anse (Corail, Pestel, Abricot, Bonbon) et surtout du Nord-est (particulièrement Ferrier, Capotille…). Les cultures comme le maïs qui étaient au stade végétatif ou de l’épiaison en ont beaucoup souffert. Bénéficiant d’un surplus d’humidité en avril, le maïs aussi bien que le sorgho ont été l’objet de carence hydrique qui s’est bien vite manifestée au début du mois de juin, entrainant ainsi une baisse de la production maïs allant jusqu’à 40 à 50 pour cent par rapport à une année normale. Les conséquences sur les cultures varient en fonction des variétés plantées, de la date du semis et de la région agro-écologique.

La principale céréale plantée au cours de la campagne du printemps, le maïs, est après le riz, la plus consommée par la population. Beaucoup moins cher, le maïs est de loin plus accessible aux pauvres que le riz, particulièrement dans le milieu rural. C’est aussi une culture de rente pour certains agriculteurs qui le vendent à l’état vert ou en grain. Chez les ménages pauvres, producteurs de maïs, l’autoconsommation est largement pratiquée. Si les pluies s’arrêtent, les pauvres peuvent se trouver dans la précarité dès le mois de septembre dans de nombreuses communes des régions précitées (particulièrement dans le nord-ouest et le Nord-est) où se pratique la culture du maïs. Quant aux haricots, dont les récoltes sont souvent affectées par des excès d’humidité au cours du mois de mai, la faible pluviométrie enregistrée à la fin du mois de mai 2012 leur a été plutôt favorable. Globalement, la récolte des haricots sera légèrement inférieure à la moyenne à cause de l’excès de pluie dans certaines localités et la sécheresse dans d’autres. Dans le bas Plateau Central et le bas Artibonite, par exemple, les agriculteurs ont eu une très bonne récolte de haricots due à une pluviométrie adéquate dans les aires de plantation, mais elle sera mauvaise sinon nulle dans le bas Nord-Ouest à cause de la faiblesse des précipitations.
Les variétés de maïs à cycle court, plantées en basse altitude au cours du mois de mars, n’ont pas été affectées par cette sécheresse. Elles montre replique ont atteint leur pleine maturité bien avant le déclenchement de ce phénomène. Par contre, celles plantées au cours du mois d’avril/mai ont beaucoup souffert de stress hydrique. Ce sont surtout les plantations dans des sols superficiels et érodés qui ont été les plus affectées. Elles ont déjà atteint le point de flétrissement et ne porteront pas d’épis. Quand à celles ensemencées en montagne humide ou dans les plateaux, en mars ou en avril, elles peuvent encore se récupérer si les pluies, amorcées depuis mi-juin, se poursuivent. C’est particulièrement le cas dans les hauteurs de Mare Rouge (Nord-Ouest) ou dans le haut Plateau Central.

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