L’année 2016 a été la troisième année consécutive de sécheresse en Haïti, aggravée par l’influence du phénomène El Niño. Ces conditions prolongées, avec les pertes de récoltes importantes qui en découlent, ont plongé de nombreux ménages ruraux du pays dans l’insécurité alimentaire.

Comme les populations rurales sont considérées comme les plus exposées à l’insécurité alimentaire, les évaluations effectuées pour estimer l’impact de la sécheresse sur la sécurité alimentaire de la population ont seulement mis l’accent sur les zones rurales. Cependant, nul ne peut ignorer que l’insécurité alimentaire devient de plus en plus un problème urbain.
sa-nov-2016-02En Haïti plus de la moitié de la population vit dans les centres urbains (environ un Haïtien sur deux vivent dans les zones urbaines, et environ un sur quatre vivent dans l’aire métropolitaine de la capitale Port-au -Prince). Des hausses des prix alimentaires et l’instabilité politique pourraient provoquer une augmentation de l’insécurité alimentaire urbaine, en particulier dans les zones les plus pauvres.

En juin 2016, une évaluation urbaine de la sécurité alimentaire a été menée par la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour estimer la prévalence de l’insécurité alimentaire et identifier les facteurs communautaires ou de voisinage qui peuvent influer directement sur l’insécurité alimentaire, la nutrition et la vulnérabilité économique dans le contexte urbain Haïti.

L’évaluation a montré que: ? Le niveau de l’insécurité alimentaire dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince est considérablement inférieure à celle observée dans les zones rurales affectées par la sècheresse et évaluées en décembre 2015 ;

? La commune de Cité Soleil et les villes de Gonaïves, Jérémie et Port-de-Paix se démarquent comme ayant les plus hautes prévalences d’insécurité alimentaire; ? 40% des ménages ont une consommation alimentaire inacceptable; ? L’insécurité alimentaire est également due à la vulnérabilité économique, avec 50% des ménages consacrant plus de la moitié de leur budget à l’alimentation; ? L’augmentation des prix des denrées alimentaires et d’autres produits est le choc le plus fréquemment signalé; ? La majorité des ménages sont contraints de se livrer à des stratégies d’adaptation négatives, y compris 25% qui dépendent de stratégies de crise ou d’urgence, qui sont difficiles à inverser.

Le présent rapport se penche sur la complexité du processus, des stratégies et des outils d’évaluation avec un accent particulier sur le contexte de l’analyse. Il montre enfin que l’insécurité alimentaire dans le scénario urbain d’Haïti devrait continuer à être surveiller, car on prévoit de nouvelles hausses des prix des denrées alimentaires ou d’autres chocs susceptibles de continuer à affecter négativement la situation de la sécurité alimentaire urbaine dans le pays.

Reconnaissant la nécessité d’étendre la surveillance de sécurité alimentaire aux principales villes haïtiennes, le PAM et la CNSA, en collaboration avec les principaux intervenants de la sécurité alimentaire, planifient de mettre en place un système de surveillance de la sécurité alimentaire dans les grandes villes notamment afin d’obtenir des informations régulières et en temps opportun et d’éviter les crises alimentaires.

 

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