Haïti : 4,7 millions de personnes sont en insécurité alimentaire et nécessitent une assistance alimentaire urgente Port-au-Prince – L’augmentation des prix, les troubles socio-politico-économiques, la violence des groupes armés, la faible production agricole, la rareté et l’augmentation du prix du carburant alertent la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA). Les nouvelles estimations indiquent qu’environ 5 ménages sur 10 sont actuellement en insécurité alimentaire et ont besoin d’une assistance alimentaire urgente en Haïti, soit environ 4,7millions de personnes pour la période courante allant de septembre 2022 à février 2023.

Cette hausse a été révélée dans la dernière analyse IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) conduite en Haïti sous la direction de la CNSA et avec la participation de 17 partenaires nationaux et internationaux. L’analyse a été réalisée avec les données les plus récentes disponibles, notamment celles de l’Enquête Nationale de Suivi de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (ENSSAN 2022), réalisée en août et septembre 2022 par la CNSA et ses partenaires dans les dix départements ainsi que dans la zone métropolitaine de Port au Prince, la ville de Jérémie et des Cayes.

Les données de l’ENSSAN 2022 révèlent que la situation s’est aggravée depuis la dernière analyse similaire conduite en septembre 2021 (ENSSAN 2021), le taux d’insécurité alimentaire (IPC phase 3 et plus) est passé de 44% à 48%.

Quinze(15) zones sur 32 sont plus affectées par l’insécurité alimentaire et sont classées en phase 4 «urgence» de l’IPC sur une échelle allant jusqu’à 5, ce qui signifie que les familles ont des déficits alimentaires extrêmes qui se traduisent par le recours à des stratégies de subsistance d’urgence. Il s’agit principalement des zones du grand Sud affectées par le séisme du 14/08/21 (4 parmi les 9 zones analysées), le Haut Plateau et ses prolongements dans le Nord, le Nord-Est et l’Artibonite, le Nord-Ouest, la Gonâve et 3 communes de la zone métropolitaine les plus affectées par les activités de gangs armés (Cité Soleil, Port-au-Prince et Croix-des-Bouquets).
Pour la première fois en Haïti, une zone d’analyse a atteint une proportion de ménage en phase 5 (« catastrophe ») : la commune de Cité Soleil, avec 5% de la population concernée, ce qui signifie que les ménages manquent énormément de nourriture et/ou de quoi subvenir à leurs autres besoins de base malgré une utilisation maximale des stratégies d’adaptation.

Pour la période projetée allant de mars à juin 2023, selon les analystes, une légère dégradation de la situation est attendue au niveau des zones dépendant de l’agriculture et à une légère amélioration au niveau des zones qui en dépendent un peu moins notamment les zones urbaines. Ce qui permettra de maintenir stable (mais un niveau qui restera élevé) le nombre de personnes nécessitant une assistance alimentaire urgente.

En raison de la sévérité de la situation, des actions urgentes sont requises afin d’apporter un soutien à environ 50 % de la population (les familles les plus pauvres et les plus affectées par l’insécurité alimentaire). Il sera également crucial d’articuler et de lier les interventions d’urgence avec des interventions de développement afin d’avoir des effets plus durables et structurels sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles ainsi que, plus globalement, sur les moyens d’existence. Ceci dans le but de sortir ces familles dans cette dépendance à l’assistance alimentaire humanitaire.

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